Dans la forêt...

Flocy se leva et prit Mirail par le bras.

Allez viens, je vais te faire voir ma forêt...

Ils marchèrent un court moment après être sortis de la maison et là devant eux se dressait L'énigmatique, majestueuse et féérique forêt...

Tu vois, ici, plus rien n'a d'importance.
On se sent si petit que toutes nos peines, nos craintes semblent s'évanouir par leurs petitesses.
C'est un endroit pour vider derrière un bosquet ou au pied d'un grand arbre, ce qui nous encombre et qui nous fait nous sentir pas aussi bien que nous sommes réellement.
Je t'en prie si tu dois t'allèger, fais le sans crainte, la nature masquera ce que tu ne veux plus voir...

Elle lui sourit et le tira par la manche pour s'enfoncer un peu plus profond dans cette nature verdoyante...

Flocy s'était arrêtée là où Mirail lui avait demandé de le faire.

Elle s'allongea sur le sol moussu et regarda la lumière qui essayait de transpercer les grands arbres, les bras en croix, sereine car elle savait que Mirail allait se libérer d'un poids.

Elle entendit son hurlement et ferma les yeux pour apprécier à l'unisson avec lui ce vomissement salvateur.

Elle l'entendit revenir, se redressa et vit qu'il s'était blessé au bras.

Elle comprit la signification de son geste et le remercia d'un sourire.

Certainement que dans ce lieu, il n'y aura que nous pour comprendre ce qui vient de se passer, mais le plus important était cela.

Je suis fière de t'avoir fait connaitre cet endroit et sache que tu pourras y revenir quand tu voudras.

Tu seras toujours le bienvenu.

Elle lui prit le bras qui avait échappé à la dague et le dirigea à pas lents vers un endroit où il pourrait reprendre son souffle en s'asseyant un peu.

Il avait sans doute besoin de penser à ce qui venait de se passer et resta silencieuse à ses cotés comme une ombre bienveillante.

Flocy le regarda s'avancer et se retourner pour l'inviter à sortir de l'endroit où il avait pu se libérer.
Elle le rejoignit en regardant ses pieds s'enfoncer dans le sol de cette forêt chargé d'humus, de feuilles craquantes et de morceaux d'écorces.
Elle écoutait le bruit de leurs pas, elle voyait la lueur du jour pointer juste devant eux.
Ils allaient vers la lumière, ils retournaient à la vie.

Elle ne prononçait aucun mot pour le laisser revenir peu à peu à sa vie et apprècier encore un peu ce moment où l'on se retrouve face à soi-même.

Elle était heureuse pour lui que la lumière revienne grâce à l'endroit qu'elle avait réservé à ses amis.

Ils atteignirent l'orée de la forêt et traversèrent la clairière qui menait à la maison.
Elle s'arrêta et stoppa Mirail de sa main en le regardant :

Et maintenant Mirail, veux tu connaître un autre endroit ou veux-tu repartir séant?

A toi de voir, tu peux galoper sur ton cheval et laisser un peu de ton âme ici un moment avec moi, elle te rejoindra plus tard...
Ou emporter le tout ...

Flocy les regarda s'éloigner en s'appuyant sur un tronc d'arbre.

Elle pensa que Mirail n'avait plus besoin de guide et qu'il trouverait maintenant, seul, les endroits qui lui ferait du bien.

Elle tourna la tête doucement pour découvrir sur le tronc proche de son visage, une colonie de fourmis qui descendait dans un alignement parfait. Elle les observa, chargées de mille effets divers, elles avançaient fidèles et courageuses vers une destination précise que elles seules connaissaient.

Une vie de labeur, de routines et de loyauté.
Elle ne les enviait pas tu tout....

Je suis une cigale se dit-elle.